Buddha

⋅ La Vacuité est l’illusion, si ce n’est pas la Vacuité de Suprématie ~ Azsacra Zarathoustra

Vacuité. Absence. Rien. Le concept de Rien a été un sujet qui a inspiré deux réactions dans la pensée philosophique; ou bien il a été un sujet d’immense fascination, ou bien il a été entièrement rejeté comme n’étant pas digne de spéculation sérieuse. Dans l’optique de cet article, je vais adopter une position en accord avec le premier point de vue, conformément à ce que le concept de Rien, de ‘Zéro Absolu’ est l’un des aspects les plus profonds et importants de la pensée philosophique qui nous relie aux aspects les plus profonds et vitaux du Sanatana Dharma ou de la Tradition Primordiale. Tout au long de ce papier, notre intention est d’examiner comment cette vision a influencé le travail d’Azsacra Zarathoustra et fait partie intégrante de la Révolution Shunya, qui nous emmène le long d’un voyage implosif d’auto-annihilation jusqu’à ce que le point de ‘Zéro Absolu’ soit atteint, nous menant en un éclair foudroyant à travers l’Abîme vers l’Übernoumen. L’intention ici est de mêler différentes rives de pensées Indienne et Européenne pour fournir un héritage historique qui culmine dans la Révolution Shunya. Pour commencer, donc, nous allons d’abord étudier le concept même de Shunya.

Pour cette raison l’Inde devrait inventer sa propre forme Pré-Indo-Aryenne de Révolution Absolue — SHUNYAREVOLUTION, qui circule dans deux directions — à la fois à l’intérieur du Code humain, et dans une réalité historique concrète: le Temps est venu de faire Sauter le monde économique en Une Fois − de l’intérieur et de l’extérieur!! .. Seulement en s’envolant vers le Haut d’une Manière Forte Verticale — via le milieu destructeur-de-tout de la Vacuité de Suprématie! — Tous les centres agressifs frappants de Volonté de Puissance ascendent; jusqu’au Point Zéro Suprême [Terrifiant] — Rien de Puissance! Et même plus loin — jusqu’au Néant [Volonté-Néant!] compressé dans la Puissance de l’Über, donc transgressant, en une fois, toutes les vacuités et absences infinies!![i]

Shunya, ici, n’est bien sûr pas une simple expression mathématique qui équivaut à ‘zéro’. Les commerçants hindous d’autrefois suivaient certaines règles mathématiques simple. Si quelqu’un était endetté, les nombres devaient être négatifs, et si de l’argent lui était dû, les nombres devaient être positifs. Si ce n’était ni l’un ni l’autre, les nombres additionnés donnaient zéro. Cela introduit le concept de ‘rien’ qui est tout le propos de Shunya. Donc, il n’équivaut pas à une simple expression numérique, mais au lieu de ça est descriptif d’un état d’expression ou d’existence. Les premiers textes Sanskrits font aussi référence au zéro par pujyam, pas Shunya. Shunya est, donc, Rien. Mais est-ce facile de comprendre Rien − l’Absence dans son expression la plus pure en tant que Vide infini ? La réponse est que ça ne l’est pas, et Shunya, sous divers noms et dans différentes cultures peu nombreuses, a toujours été considéré comme l’un des plus grand mystères philosophiques et métaphysiques. Il est le cœur de la Tradition Primordiale elle-même qui inhale et exhale création et destruction depuis son vide d’être, au-delà du temps et de l’espace, de la forme et de la fonction et du paradoxe des formes et des idéaux. Shunya est le mystère des mystères et existe dans un état qui transgresse les limites de l’existence elle-même. Nous pouvons trouver ceci exprimé dans le Mahabarata, le Tao Te Ching, les écrits Bouddhistes de Nāgārjuna, et chez des philosophes Européens clés, que nous citerons plus tard dans cet article pour expliquer leur lien au concept du Shunya d’Azsacra Zarathoustra. Avant d’examiner le rôle de Shunya cependant, il est important de comprendre comment les écrits d’un philosophe plus ancien, Friedrich Nietzsche, sont en rapport avec la Révolution Shunya.

Je n’enseigne pas un remplacement primitif d’une règle humaine par une autre, qui pourrait être encore plus humaine, mais la plus sévère capture de la supériorité absolue via le Rien de Puissance et l’affirmation de la prévalence totale via la Vacuité de Suprématie. Cela veut dire: quelqu’un qui a des oreilles… les trouve déjà coupées. Azsacra Zarathoustra, Nothing to Power and Emptiness to Supremacy

Il est plus correct d’interpréter le travail d’Azsacra Zarathoustra avec les idées de Nietzsche comme une évolution inévitable de la pensée de Nietzsche, plutôt que comme une dissertation académique ou une implémentation d’une idée existante. À la lumière de cela, des éléments clés de la pensée de Nietzsche, tels que le Surhomme ou Übermensch ont été remodelés, comme ce que j’appellerais une progression naturelle de pensée. L’Übermensch est quelqu’un qui a traversé avec succès cette corde raide risquée et dangereuse qui traverse l’abîme béant entre Dieu et l’Homme, et est une créature bénie avec les deux aspects. L’Übernoumen prend ce concept encore plus loin et annihile l'”Homme” pour le remplacer avec un concept mental qui est bien plus proche de la pensée ésotérique et mystique que le concept original de Nietzsche, car réussir à l’abnégation totale du principe d'”Homme” revient à aligner la pensée avec le principe du cosmos lui-même. C’est en effet une perspective où toute la vision anthropocentrique de l'”Homme” a été révélée comme subordonnée à l’amor fati ou ‘l’amour du destin’.

Le Surhomme pratique infatigablement afin que son Pur Über/”Over” puisse surpasser l'”homme” partiel et biaisé, la tour de la vision de la Non-existence universelle. Et ce chemin est toujours un: du Surhomme (Übermensch) — à travers sa destruction — au Sur Sans “homme” (Überohnemensch); puis ensuite et plus loin — au Surnoumène (Übernoumen).

Ce n’est pas assez de simplement traverser le pont… il doit être incinéré afin que le retour soit impossible, et qu’une fois que l’Homme est surpassé, ce qui fait partie de sa progression linéaire, qu’il soit transcendé, purgé, et finalement annihilé. C’est dans cette annihilation finale, que le concept de Shunya est introduit, comme l’Homme est sublimé par un principe nihiliste de Rien. Cependant, comme nous allons le voir, ce n’est pas un Rien morne, pessimiste et peureux, mais plutôt une force transformatrice puissante qui est entièrement constructive et bénéfique. En essence, il surpasse la mort, en devenant la mort, dans un cycle constant de destruction créatrice.

Malgré les affirmations de certains, il y a un penchant ésotérique à la pensée de Nietzsche qui s’applique naturellement au métaphysique − à cause de ses constantes réfutations de la Tradition Chrétienne, cela est un peu obscurci jusqu’à ce que l’on examine ses pensées en conjonction avec celle des Traditions Indo-Européennes telles que l’Hindouisme et la Tradition Héllénique, où il est révélé que Nietzsche est en fait hautement influencé à la fois par la pensée Védique et les idées de la Grèce Antique. Pour Nietzsche, l’Occident était devenu décadent, et il cherchait vers l’Inde et le monde ancien des idées pour revitaliser sa culture en déclin et sa décadence.

L’on trouve que dans ses discussions sur ces doctrines Nietzsche fait invariablement référence à des perspectives asiatiques contre lesquelles il compare ou évalue la ‘vérité’ occidentale particulière qu’il est décidé à démolir (en effet, la stratégie de destruction/déconstruction que Heidegger et Derrida ont reconnue dans les travaux de Nietzsche). Le perspectivisme est défini comme ‘l’“étrangement” de ce qui est son propre par le questionnement par l’arrière (hinterfragen), de la perspective de l’étranger.’ Le Perspectivisme souligne également une pluralité de perspectives, sans glissement dans la banalité ‘enfantine’ du relativisme. Ce perspectivisme est un dispositif important par lequel Nietzsche se place “dans les bottes” de l’Autre culturel avec l’espoir que cette distanciation de sa propre situation bien établie puisse rendre visible les structures inconscientes et dissimulées, les préjudices et les faiblesses de sa propre culture. Nietzsche n’avait pas de désir de ‘se mettre à l’étranger’ ou d’adopter des méthodes asiatiques, mais au lieu de cela cherchait à utiliser des expériences asiatiques en tant que contre-images, et en tant que tropes déconstructrices, contre lesquelles il pourrait confortablement devenir censeur de plusieurs caractéristiques du Judaïsme, de la Chrétienté, et à ses yeux, d’un sécularisme occidental tout aussi décadent.[ii]

Bien que ce ne fut pas le désir de Nietzsche pour l’occident d’adopter des pratiques culturelles Hindoues ou Grecques, c’est une conséquence inévitable de son recours à ces textes qu’en essence la philosophie de Nietzsche convient plus aux cultures Hindoues et Hélléniques, dans lesquelles l’audience est déjà familière avec plusieurs des idées qu’il déploie. À la lumière de cela, à la fois Nietzsche et les développements faits à partir de ses idées par Azsacra Zarathoustra devraient être considérés comme étant inhéremment empruntes d’héritage Védique et Héllénique malgré l’ancestralité biologique européenne de Nietzsche.

En retournant au Surhomme (Übermensch) de Nietzsche et à sa progression pour devenir le Surnoumène (Übernoumen), afin d’expliquer comment cette transformation prend place nous avons d’abord besoin d’élucider la définition que Nietzsche donne de la volonté en relation à l’Übermensch pour comprendre comment la Volonté de Rien par Azsacra Zarathoustra créée en conséquence l’Übernoumen.

C’est dans le caractère de l’Übermensch que nous voyons l’unification du Dionysiaque (instinct) et de l’Apollinien (intellect) comme la manifestation de la volonté de puissance, à laquelle Nietzsche attribue aussi la valeur tautologique suivante “La Volonté de Vérité est la Volonté de Puissance”. Cette affirmation peut être interprétée comme signifiant qu’en attribuant la volonté à l’instinct, la vérité existe en tant que phénomène se produisant naturellement − elle existe indépendamment de l’intellect, ce qui permet plusieurs interprétations différentes de la vérité dans son état primordial.[iii]

L’élan Apollinien/Dionysiaque est un autre aspect central de la philosophie de Nietzsche qui est directement en lien avec son concept de la volonté et de l’Übermensch, dans lequel les deux caractéristiques apparemment opposées reposent en équilibre. Dionysos, par contraste préside sur la musique − son influence est invisible; elle est seulement entendue ou sentie. Ce qu’il représente ne peut pas être capturé par une forme, car même dans son rôle comme Dieu du Théâtre, il est toujours masqué. Le visage de Dionysos n’est jamais à découvert. Habituellement les deux dieux sont examinés selon leur relation avec le monde de l’art − mais leur opposition fait écho à un autre domaine; celui de la religion et de la nature de la relation que l’on a avec le divin. Apollon communique à ses frères par l’art calme du rêve. Dionysos chuchote les mots de folie à notre oreille − l’état mental par lequel Dionysos communique est celui de l’intoxication, que ce soit sous forme de théâtre, de musique, de folie ou d’une autre quelconque forme d’expression, ce qui est à l’origine de l’élément Dionysiaque est l’expression de pathos, ou émotion. Comme Nietzsche lui-même le dit, “De manière à saisir ces deux tendances, concevons-les d’abord comme les mondes artistiques séparés des rêves et de l’ivresse. Ces phénomènes physiologiques présentent un contraste analogue à celui existant entre l’Apollinien et le Dionysiaque.” Les représentations de Dionysos paraissent irrationnelles ou subconscientes, celle d’Apollon rationnelles. Qui plus est, Apollon est un dieu du traçage de frontières − à la fois éthiques et conceptuelles − il est le dieu du principium individuationis. Apollon, donc représente un sens d’unité mais aussi de restriction. Dionysos, par contraste, étend ses horizons en transcendant les limites − d’où que pour le type religieux Dionysiaque l'”intoxication” est une transcendance de la conscience ordinaire dans laquelle nous surmontons l’individualité. Des deux élans cependant, Nietzsche de manière répétée tout au long de ses travaux fait référence au Dionysiaque comme étant le mode de fonctionnement supérieur, que nous allions donc présumer à même d’être amélioré − cela indiquerait donc qu’il y a un état d’être plus Dionysiaque que ce qui est décrit dans l’Übermensch − le Dionysiaque Absolu ou Übernoumen comme il est appelé par Azsacra Zarathoustra. Le fait que Nietzsche lui-même préfère le mode Dionysiaque à celui d’une synthèse équilibrée entre Apollon et Dionysos est cité ici :

L’affirmation de la vie, même dans ses problèmes les plus étranges et les plus ardus ; la volonté de vie, se réjouissant dans le sacrifice de ses types les plus élevés, à son propre caractère inépuisable − c’est ce que j’ai appelé dionysiaque… Non pour se débarrasser de la crainte et de la pitié, non pour se purifier d’une passion dangereuse par sa décharge véhémente − c’est ainsi que l’a entendu Aristote, mais pour personnifier soi-même, au-dessus de la crainte et de la pitié, l’éternelle joie du devenir, − cette joie qui porte encore en elle la joie de l’anéantissement… Et par là je touche de nouveau l’endroit d’où je suis parti jadis. − L’origine de la Tragédie fut ma première transmutation de toutes les valeurs : par là je me replace sur le terrain d’où grandit mon vouloir, mon savoir − moi le dernier disciple du philosophe Dionysos, − moi le maître de l’éternel retour… (Le Crépuscule des Idoles, “Ce que je dois aux Anciens”)[iv]

Cela mène inévitablement à enquêter sur ce qu’est exactement la volonté de vie Dionysiaque, car c’est précisément cet élément que Nietzsche équivaut au concept de la volonté par rapport à l’Übermensch. Dans la Tradition Héllenique, Dionysos représente le Soleil Noir ou Caché par contraste avec celui de son jumeau Apollon, le Soleil d’Or − et car il peut survivre en hiver, quand Apollon ‘meurt’ symboliquement et se retire dans la terre d’Hyperborée, Dionysos règne en son absence. Dionysos est donc associé à l’immortalité et à la vie éternelle, qui est exprimée dans le concept Grec de zoë.

Plotin appelait zoë le “temps de l’âme”, durant lequel l’âme, au cours de ses renaissances, se déplace d’un bios à un autre […] les Grecs se raccrochaient à une “vie” non-caractérisée qui était sous-jacente à tout bios et avait une relation à la mort très différente de celle qu’aurait eu une “vie” qui incluait la mort parmi ses caractéristiques […] Cette expérience diffère de la somme des expériences qui constituent le bios, le contenu de la biographie écrite ou non écrite de chaque homme individuel. L’expérience de la vie sans caractérisation − de cette vie précisément qui “retentit” pour les Grecs dans le mot zoë − est, d’un autre côté, indescriptible.[v]

De plus, il y a une différence linguistique entre zoë (la vie pure, primordiale, qui est le domaine de Dionysos) et bios (la vie biologique sur laquelle préside Apollon). Zoë n’est pas seulement la vie, c’est la vie qui transcende la mort, le don de Dionysos qui est rituellement démembré pour renaître, tout comme son fils Orphée descend dans le domaine des morts et retourne au monde d’au-dessus, où il est aussi démembré mais demeure immortel. Zoë est la vie, mais c’est la vie sacrée, qui reste distincte de la bios banale et matérielle.

Zoë est la vie dans son aspect transcendent et immortel, et donc est représentative de l’état primordial pur. Zoë est la présupposition de la pulsion de mort; la mort existe seulement en relation à zoë. Elle est un produit de la vie en accord avec une dialectique qui est un processus non de pensée, mais de la vie elle-même, de la zoë dans chaque bios individuel.[vi]

La zoë, la vie de l’Übermensch Dionysiaque, est donc une vie dans un état d’esprit purement primordial qui a sublimé la vie et la mort elle-même pour entrer dans un monde pur et sans forme… elle a donc surpassé le monde même de la forme et de l’être. C’est la vie dans un mode d’accouchement subconscient. Pour que l’Übermensch expérimente ceci pleinement, la conscience elle-même doit être niée − indiquant encore une fois que la présupposition originale de l’origine de la volonté pour Nietzsche était qu’elle est d’origine subconscient, comme indiqué dans Le Gai Savoir où Nietzsche écrit:

Longtemps on a considéré la pensée consciente comme la pensée par excellence : maintenant seulement nous commençons à entrevoir la vérité, c’est-à-dire que la plus grande partie de notre activité intellectuelle s’effectue d’une façon inconsciente […] les théories de Schopenauer et ses enseignements de la prééminence de la volonté sur l’intellect. L’inconscient devient une source de sagesse et de savoir qui peut atteindre les aspects fondamentaux de l’existence humaine, alors que l’intellect est tenu pour être un mécanisme abstrayant et falsifiant qui est dirigé, non pas vers la vérité mais vers “la maîtrise et la possession.”[vii]

Donc, nous sommes arrivés à la conclusion que la Volonté de Puissance, dans la définition de Nietzsche, est subconsciente et purement primordiale dans son état Dionysiaque brut − celle-ci ne peut donc être rien d’autre que la négation totale de la volonté consciente, ou comme dit Azsacra Zarathoustra, elle devient Rien.

Rien est une illusion, si ce n’est pas le Rien de Puissance! La Vacuité — n’est pas suffisamment vide. Ce n’est qu’une illusion de plus, si ce n’est pas la Vacuité de Suprématie! Ainsi parle l’Übernoumen — le penseur russe bien connu en Inde et créateur de la Shunyarevolution. Même en menant notre négation au maximum (Non), nous glissons tous inévitablement vers l’assertion (Oui). Pour être exact — c’est la Volonté, qui est toujours la Volonté vers le Haut. Personne ne peut nier à un tel degré qu’il élimine tout. La simple négation n’est pas assez pour ce but. Qu’est-ce qui est nécessaire pour le but d’ériger la négation dans l’Absolu? Seulement aller au-delà du maximum de la possibilité — dans l’Impossibilité Absolue! Donc, en accord avec la philosophie d’Azsacra Zarathoustra: la Vacuité devrait devenir la Vacuité de Suprématie et rejeter  le monde des illusions — le monde illusoire.

Mais ceci est seulement une partie de la philosophie derrière la Révolution Shunya − car Nietzsche n’est pas le seul philosophe à avoir placé l’emphase sur la volonté concernant l’engendrement d’un type supérieur d’humain − c’est en effet un moyen courant d’ascétisme spirituel qui se trouve dans beaucoup de pratique Traditionnelles. Que la conscience est problématique pour les philosophes est aussi une idée qui occupait les pensées du célèbre philosophe roumain Émile Cioran (également inspiré par les travaux de Nietzsche), qui cite dans son ses célèbres aphorismes − “La conscience est bien plus que l’écharde, elle est le poignard dans la plaie” et “La peur rend conscient, la peur morbide et non la peur naturelle. Sans quoi les animaux auraient atteint un degré de conscience supérieur au nôtre.” Non seulement Cioran lie aussi la volonté à la pulsion subconsciente, il va plus loin pour affirmer que la conscience même de ses désirs et de ses motivations terrestres est la source de l’inconfort de l’homme. Donc, la négation de la volonté consciente dans les travaux de Cioran ne serait pas seulement équivalente au type supérieur exemplifié par Nietzsche, elle devient également une source du bonheur mondain et matériel. Allant encore plus loin, Cioran (qui bien qu’il fût un non-croyant, regrettait profondément son aliénation de la Divinité et désirait ardemment être capable de croire) trouva que la Volonté de Puissance était plus concentrée dans l’expérience religieuse/mystique qu’elle ne l’était dans n’importe quel autre aspect, notant dans Des larmes et des saints que ce sont ces types qui sont capables de démontrer leur volonté en s’infligeant de la douleur et de la souffrance dans un effort pour s’aligner avec leurs croyances spirituelles via un ascétisme extrême.

Nous avons donc la formulation sévère d’un nouveau principe «Sur-sur, qui est illimité dans ses possibilités et portant vers le haut: Précisément Vers le Haut!» comme «principe crucial» de la Philosophie du Sur d’Azsacra Zarathoustra qui est lui-même un appendice naturel à la Doctrine de la Révolution Absolue, tout comme il est aussi un dérivé de la Pensée-de-l’Über-Macht. Ceci est exprimé par son incarnation pratique «corporelle et de Forte volonté»: «la Pensée-de-l’Über-Macht n’est Pas une abstraction de pensées «supra-normale», mais plutôt un concret Couronnement de la Volonté de Sur comme POUVOIR-À-LA-VIE-POUR-TOUJOURS menant ultimement [et seulement pour] le Risque du Luxe de RÉVOLUTION ABSOLUE!!»[viii]

En Inde nous voyons également ceci dans la volonté des Yogi qui sont capables de grands actes de la volonté via des pratiques ascétiques, et nous voyons aussi cela démontré dans certaines des interprétations rituelles d’Azsacra Zarathoustra. Donc, nous voyons que l’acte suprême de la volonté est d’être capable de se nier elle-même, de se refermer sur elle-même et de se tourner vers un objectif supérieur − devenir Rien devient le sacrifice suprême de la volonté − que nous trouvons dans plusieurs croyances religieuses autour du monde ainsi que dans les écrits de Cioran.

Se détacher du monde pour s’attacher à soi… qui peut réaliser le détachement où l’on est aussi loin de soi qu’on l’est du monde? déplacer le centre de la nature dans l’individu et celui de l’individu en Dieu. Voilà le terme du grand détachement…[ix]

Mais cela n’est pas la Vacuité ni le Nirvana que le Bouddhiste cherche − il s’agit d’une vacuité active, virile qui est totalement distincte de cela dans le travail de Zarathoustra.

La transition du Pour Toujours Impossible via le «Point Zéro Magique» de Shunya (qu’Ernst Jüner a prédit) est la seule «condition possible» menant à la Révolution Absolue. Et elle ne peut pas être achevée par un «Bouddhisme de la négativité» au moyen de la «Shunyata vers la Dissolution», mais via le «Sur-positif — les atomes agressifs et créatifs des Kshatriyas — via le Shunya de Puissance». En conséquence de cette différentiation frappante de deux types de Vacuité [Shunya contra Shunyata], le Nirvana Bouddhiste honteux «disparaît instantanément, alors que la Vacuité-aggressivement-Autre — Shunya! — qu’il crée reste contraire à tout. Shunya Se jette soudainement dans l’Absence Totale en tant que Vacuité de Suprématie. Et ensuite − [depuis cette Suprême Absence de  tout!] soudainement le Faucon mort s’élève de plus en plus haut…»[x]

Cela est en essence plus proche du grand épique kshatryia le Mahabarata que les enseignements plus tardifs du Bouddha, car Krishna n’enjoua-t-il pas Arujna de se battre, mais avec détachement ? Le secret de bataille d’Arujna que Krishna lui transmit fût d’agir, mais sans attachement aux karma phalam ou fruits de l’action − en bref d’agir, mais de le faire subconsciemment, en accord avec la volonté des pouvoirs supérieurs, et cela implique le surpassement constant de la volonté jusqu’à ce qu’elle devienne un élan subconscient ou une action naturelle — réduisant la volonté à Rien, le Rien actif des Kshatriya.

Le renoncement à l’action et la dévotion par l’action sont deux moyens d’émancipation finale, mais de ces deux la dévotion par l’action est meilleur que la renonciation. Est considéré comme un ascète (1) celui qui ne cherche rien et ne rejette rien, étant libéré de l’influence des ‘couples d’opposés,’ (2) ô Arjuna aux-bras-puissants, il est facilement libéré des liens forgés par l’action. Les enfants et non les sage parlent de la renonciation de l’action (3) et de l’action effectuée correctement (4) comme étant différents. Celui qui pratique parfaitement l’un reçoit les fruits des deux, et l’endroit (5) qui est gagné par celui qui renonce à l’action est aussi atteint par celui qui est dévoué dans son action. Cet homme voit clairement qui voit que le Sankhya et les doctrines du Yoga sont identiques. Mais atteindre la véritable renonciation à l’action sans dévotion par l’action est difficile, Ô toi aux-bras-puissants; tandis que le dévot qui est engagé dans la bonne pratique de ses devoirs approche l’Esprit Suprême en peu de temps. L’homme au cœur purifié, ayant son corps complètement contrôlé, ses sens restreints, et pour qui le seul soi est le Soi de toutes les créatures, n’est pas teint bien qu’effectuant des actions. Le dévot qui connaît la vérité divine pense “Je ne fais rien” en voyant, entendant, touchant, sentant, mangeant, bougeant, dormant, respirant; même quand il parle, laissant aller ou prenant, ouvrant ou fermant ses yeux, il dit, “les sens et organes bougent par élan naturel vers leurs objets adéquats.” Quiconque en agissant dédie ses actions à l’Esprit Suprême et met de côté tout intérêt égoïste à leur résultat n’est pas atteint par le pêché, comme la feuille de lotus qui n’est pas mouillée par l’eau. Les véritables dévots, pour la purification du cœur, effectuent des actions avec leur corps, leur esprit, leur compréhension, et leurs sens, écartant tout intérêt personnel. L’homme qui est dévoué et non attaché au fruit de ses actions obtient la tranquillité; tandis que celui qui par le désir est attaché au fruit de ses actions est lié par celles-ci. (6) Le sage modéré qui en son cœur a renoncé à toutes les actions, demeure au repos dans la “cité aux neuf portails de sa demeure,” (7) ni agissant ni causant d’action (8) − La Bhagavad Gita

Un sentiment similaire est exprimé dans le Rig Veda, où l’on voit “Sacrifie-toi pour ta propre exaltation”[xi] Le sacrifice est de notre ego qui nous lie a la roue du samsara. Le chemin de l’inaction, ou de la renonciation n’est pas approprié à la voie des kshatriya car il se pose en opposition à leur tempérament basique − le kshatriya doit agir et doit prendre part au monde, car il est leur devoir fondamental ou dharma de faire ainsi. Ils doivent agir, mais sans désir ou attachement à l’acte lui-même − donc la volonté du kshatriya doit être réduite à Rien, et l’ego enlevé pour que le kshatriya suive son dharma adéquat. En réduisant leur volonté consciente au point zéro, le dharma du kshatriya spirituel suit naturellement le cours du rta, la loi d’or de l’univers par laquelle tout fonctionne correctement.

L’ordre et écoulement juste de l’univers ou cycle est régulé par ṛta, qui est peut-être le composant le plus important de la pensée Védique, car c’est par ṛta que tout ordre et toute structure émerge. Cet ordre, posé par ṛta, est extrêmement strict et inflexible. La meilleur manière de décrire ṛta est peut-être d’après la définition de Luis Renou, “Ṛta, qui par commodité sera traduit par ordre (ordre cosmique et ordre moral) ou par loi, est, plus précisément, le résultat des corrélations, le produit de l’‘adaptation’, de l’‘emboîtement’ entre le microcosme et le macrocosme.” De cette façon le ṛta peut être vu comme une force de l’expression de la loi en activité que nous appellerions la loi du devenir, ou transformation, comme cela est contenu dans la racine même du mot √ qui signifie bouger, aller.[xii]

Cette ligne de pensée n’est pas entièrement restreinte aux pratiques des kshatriya, car elle est aussi reflétée dans l’étymologie de yoga, qui signifie à l’origine s’unir (to ‘yoke’) à l’esprit de Dieu. La pratique méditative est la route passive vers la génération du tapas, mais il peut aussi être généré activement, comme nous le voyons dans la bataille spirituelle d’Arujna. Tapas, la chaleur spirituelle, est aussi le facteur adhésif qui joint ensemble les rives du rta et du dharma dans le pratiquant humain. Tapas est tenu pour être une des pensées clés des rṣi, les grands prophètes qui composèrent les Védas. Comme l’explique Eliade, tapas est un concept qui est documenté dans les textes védiques, et également qui tient une place considérable dans les pratiques Yogiques-Tantriques. Cette “chaleur” est déclenchée en retenant son souffle et particulièrement par la “transmutation” de l’énergie sexuelle, une pratique Yogique-Tantrique qui, bien qu’assez obscure, est basée sur le prāṇāyāma et sur diverses “visualisations”. Tapas est clairement documenté dans le Rig Veda, et ses pouvoirs sont créatifs sur les plans cosmique et spirituel; via le tapas l’ascète devient clairvoyant et incarne même les dieux. Comparant l’augmentation magique de la température à l’intérieur du corps, qu’Éliade décrit comme un attribut universel parmi les guérisseurs, les chamanes, et les fakirs, il décrit tapas comme étant l’une des plus typiques des techniques yogique-tantrique pour produire de la ‘chaleur mystique’. Il continue ensuite en disant que la continuité entre la technique magique la plus anciennement connue et le Yoga Tantrique est particulièrement indéniable. L’idée de chaleur mystique n’est pas inconnue en dehors de l’Inde, car comme Georges Dumézil l’a montré, plusieurs termes dans le vocabulaire “héroïque” indo-européen − furor, ferg, wut, ménos − expriment précisément cette “chaleur extrême” et “rage” qui, à d’autres niveaux de sacralité, caractérise l’incarnation du pouvoir. Il est donc clair que le tapas peut être collecté par des méthodes qui ne sont pas des pratiques purement contemplatives, car ces termes sont liés en Europe à des traditions de guerriers. Dans leur propre contexte linguistique, la plupart des mots ici ont une connexion avec les états altérés de conscience qui pourraient aussi être connectés au chamanisme, qui identifierait l’induction d’un état de ‘chaleur mystique’ comme un prérequis pour les traditions qui orbitent autour du chamanisme. Dans ce contexte, le tapas est la flamme créatrice de l’effort physique contemplatif, la contraction au point de dissolution le plus profond puis l’expansion à une infinité de possibilités créatrices. C’est par le moyen de tapas, que l’on peut être témoin de sat et observer ṛta. Ṛta, cependant, n’est pas seulement une fonction cosmique qui règle l’ordre de la nature, car il a aussi des applications aux niveaux moral et social. Ṛta, au niveau de l’abstraction philosophique, gouverne aussi l’interaction des relations humaines, assurant que les codes moraux et éthiques demeurent ordonnés. C’est sur ce plan que ṛta trouve son expression en tant que loi et ordre social, représentatif des intergraduations de l’humanité et de la gouvernance par la règle de la loi cosmique. À ce niveau ṛta peut être considéré comme l’expression de l’intégration de l’humanité dans l’ordre cosmique, dont le mode socio-éthique n’est qu’un reflet. Dans sa totalité, le concept de ṛta s’étend dans trois sphères différentes de réalité − loi socio-éthique, religio-sacrificielle, et naturelle. Chacun des trois ‘ordres’ − sacrificiel, moral, et naturel − est une manifestation du même ṛta universel. En tant que principe d’ordre cosmique, ṛta est similaire au concept de dharma. Bien que ce mot ne tombe dans l’usage commun que plus tard, les termes qui lui sont équivalents sont facilement retraçables au Rig Veda.[xiii] Une fois que rta et dharma sont compris et le tapas généré est suffisant, dans toutes les Traditions authentiques cela marque le commencement du processus dans lequel le microcosme devient homologue au macrocosme pour produire un état cognitif supérieur.

Qu’est-ce qui donc, reposant dans cette petite demeure, ce lotus du cœur, doit être recherché, investigué, et réalisé ? Aussi large que l’est l’univers au-dehors, aussi large l’est l’univers dans le lotus du cœur. À l’intérieur de celui-ci sont logés le ciel et la terre, le soleil, la lune, la foudre, et toutes les étoiles. Ce qui est dans ce macrocosme est dans ce microcosme. (Chāndogya Upaniṣad 8.12.3)[xiv]

À ce niveau de pratique, la volonté est totalement niée au point Absolu de Zéro, précisément parce qu’il n’y a plus aucune distinction entre ce qui est ‘Je’ et ce qui est ‘Non Je’. Une fois que l’adepte a atteint cette étape, par une quelconque méthode d’instruction spirituelle, il ou elle est effectivement “uni(e)” au système de rta et suivra naturellement le chemin correct du dharma sans jamais avoir à évoquer la notion de ‘volonté’. Donc, en appliquant la volonté à certaines méthodes spirituelles, la volonté est constamment surpassée jusqu’à ce qu’elle devienne Rien. Dans certaines Traditions Hindoues nous voyons ceci porté encore plus loin, tel que dans l’iconographie de Déesses comme Kali, qui porte dans Sa main une tête tranchée représentant la suppression de l’‘ego’ qui est l’entrave ultime à la découverte de la Volonté Absolue.

Tous ces facteurs, et le lien à un type de conscience supérieure dans laquelle le néant de la volonté est atteint par une amalgamation ou ‘union’ (“yoking”) du microcosme de l’homme au macrocosme de l’univers, sont trouvés dans des textes dévoués au Dieu Shiva. Par exemple, le Śāmbhavopāya, 1.7 mentionne que le ‘quatrième état de conscience est expérimenté en perçant à travers les états de conscience de veille, l’état de rêve et l’état de sommeil sans rêve, en conscience béate de la vraie nature de la réalité.’[xv] Le quatrième état de conscience est donc défini dans les Śiva Sūtras comme étant un état d’esprit dans lequel on n’entre pas en temps normal. Dans les Śiva Sūtras, (Āṇavopāya, 3.9), il est même dit que ‘Celui qui a réalisé sa nature spirituelle est comme un danseur, dansant au rythme de l’univers.’[xvi] De manière similaire, Wulff affirme aussi qu’il y a une connexion entre la théorie esthétique d’Abhinavagupta et sa pratique du Shivaïsme du Cachemire; ‘dans l’expérience esthétique, comme dans la trance yogique et dans la libération finale, le sujet et l’objet disparaissent, et l’on transcende tous les désirs et les perceptions limitées liées par l’ego. Abhinavagupta appelle l’état le plus haut de vigalitavedyantara, “un état dans lequel l’objet de la connaissance a été dissous.”’[xvii]

Un individu qui explora précédemment l’importance d’un chemin de kshatriya vers le divin, était l’écrivain italien Julius Evola, qui non seulement comprenait les principes sous-jacents à la Bhagavad Gita et à Nietzsche, mais examina aussi le rôle de ceux-ci dans le Tantrisme et le Bouddhisme Theravada des commencements. Au début de sa carrière Evola fit l’affirmation suivante :

Le Tantrisme pourrait mener la voie pour une élite occidentale qui ne veut pas devenir victime de ces expériences où une civilisation entière est sur le point d’être submergée.−Julius Evola, “Ce que signifie le Tantrisme pour la Civilisation Occidentale Moderne”[xviii]

L’opinion d’Evola selon laquelle le chemin kshatriya dans le Tantrisme est mieux classé que celui bramanique ou des prêtres, est aisément supporté par les textes Tantriques eux-mêmes, dans lesquels le Vira (La forme ‘héroïque’ de l’Adepte Tantrique) ou le mode actif de pratique est exalté au-dessus du mode de la prêtrise dans le Tantrisme Kaula. À cet égard, le chemin héroïque ou solaire du tantrisme représenté par Evola, est un système basé non pas sur la théorie, mais sur la pratique − un chemin actif convenant pour être enseigné dans l’époque dégénérée du Kali Yuga Hindou ou Âge Sombre, dans lequel des chemins vers la divinité purement intellectuels ou contemplatifs ont souffert d’une grande diminution dans leur efficacité.[xix] Donc beaucoup de la philosophie d’Evola devrait, contrairement à son affirmation au-dessus, être considérée comme une influence inhéremment Orientale dont il espérait qu’elle pourrait fournir un stimuli intellectuel pour prévenir le déclin de l’Occident. Beaucoup de ces idées furent extrapolées et combinées en de nouvelles prémisses dans ‘Chevaucher le Tigre’.

Au sujet d’Evola, Azsacra Zarathoustra écrit:

«Evola, en réalité, n’a jamais essayé de «Chevaucher le Tigre», mais fit seulement tout, qu’instantanément (en un clin d’œil!) ce Tigre de Volonté de Puissance pouvait faire pour réduire en pièces chacun des «écuyers bons» et des «cavaliers mauvais» simultanément. Id est: sur le «Tigre de la Mort il est impossible de Chevaucher avec l’instrumentalité de l’«occulte», il devrait [seulement!] être mangé par les lions du Rien de Puissance [cela est nécessaire!], et ensuite ils (les lions) devraient être lacérés par le Dragon de la Vacuité de Suprématie…»

Le Tigre évidemment est symbolique de la nature sombre du Kali Yuga, d’où l’association que fait Azsacra Zarathoustra du tigre avec la Mort. Il est aussi judicieux de noter ici que le dire ‘chevaucher le tigre’ est seulement une partie de l’aphorisme déployé par Evola; la version complète du dire implique que descendre du tigre est impossible étant donné qu’il attaquerait quiconque tente de le chevaucher. La seule manière de chevaucher le tigre avec succès est de devenir un avec le courant du Kali Yuga − pour toujours. La vision traditionnelle du chemin tantrique (le dire ‘Chevaucher le Tigre’ est un dire tantrique) est que le monde lui-même est puissance, Shakti (l’interprétation littérale de Shakti est “puissance”) et qu’il est là pour être utilisé et absorbé par l’adepte (voir World as Power d’Arthur Avalon). En cela, le concept de puissance passe d’une puissance personnelle à une conception abstraite universelle dans laquelle il n’y a en vérité pas d’essence − l’adepte tantrique, le Vira, est puissance et rien d’autre. Donc, la conception de la négation de la volonté, en se focalisant sur la volonté, est une vision du monde inhéremment tantrique tout comme elle est une vision du monde classiquement védique héritée du Mahabarata. L’approche correcte du divin pour le kshatriya n’est pas celle de la renonciation, mais d’agir en accord avec la puissance, le flux de Shakti qui est à la fois rta et dharma, jusqu’à ce que le microcosme de l’homme et le macrocosme de l’univers deviennent inséparables et que la volonté et le pouvoir deviennent un au ‘point zéro’.

À première vue le lecteur inattentif pourrait supposer qu’il y a un lien entre le concept de Shunya d’Azsacra Zarathoustra et celui  du śūnyatā, ils sont, cependant, deux interprétatiosn explicitement différentes de ‘Rien’. Bien que les deux servent essentiellement la même fonction, le śūnyatā bouddhiste est essentiellement un chemin passif vers la renonciation, et l’embrassement de la vacuité. Comme nous avons montré dans des exemples précédents, le chemin de la renonciation est inapproprié pour ceux de tempérament kshatriya ou guerrier. Leur dharma spirituel convient mieux au Shunya actif comme décrit par Azsacra Zarathoustra.

La Shunya-révolution comme un souffle depuis Rien se produit dans une roue de Samsara, où Shunya de Puissance déchire une roue de Samsara et casse les rayons de toutes les illusions. La Puissance de Shunya se libérant des frontières d’une roue de la Vie et de la Mort et passant dans/à la Révolution Absolue déjà en dehors d’une Roue du Bien et du Mal. Id est Shunyarevolution se produit seulement dans le Samsara Chakra pour la possibilité d’une Ascension Verticale à travers toutes les illusions de la Roue de la Vie et de la Mort. Shunya de Puissance ou Vrai Pré-Bouddha − Antibouddha! − détruit même Nirvana et la Mort au-delà de la Mort et sans la Mort.

Le thème de la vacuité śūnyatā émergea des doctrines bouddhistes de la non-existence du soi (Pāli: anatta, Sanscrit: anātman) et enseigne que l’existence est vide, une conclusion qui est dérivée comme faisant partie du l’Illumination du Bouddha résultant du processus connu sous le nom de pratītyasamutpāda ou comme la théorie de la Coproduction Conditionnée dans laquelle toutes les actions sont connectées ensemble, jusqu’à ce qu’éventuellement l’on régresse à une cause première, donc privant l’objet et les événements d’une existence individuelle. La cause première est donc présumée être une forme de vacuité primordiale. Nāgārjuna assimile également la vacuité à la Coproduction Conditionnée dans le Mūlamadhyamakakārikā. Selon Nāgārjuna la moindre nature essentielle persistante (svabhāva) rendrait impossible le processus de coproduction conditionnée, et rendrait impossible n’importe quel genre de coproduction tout court, car les choses auraient simplement toujours été et continueraient toujours à être, i.e. en tant qu’existants (bhāva). Nāgārjuna assimile svabhāva (essence) avec bhāva.

Le mot sanscrit Śūnya signifie vide. Śūnyatā signifie vacuité. Cependant, il y a une différence subtile dans les connotations des deux, comme estimé par les deux sectes religieuses. Selon la Tradition du Bouddhisme Mahayana, rien dans ce monde n’existe inhéremment indépendant, par lui-même. Soit ce sont de la ou des cause(s), ou de leur(s) partie(s), ou de la ou des imputation(s) de la pensée d’un être conscient que tout phénomène se manifeste. Donc, toutes les choses existant dans l’univers sont totalement vides d’une quelconque essence qui les définirait. Celui-ci est toujours dans un état de flux et donc, impermanent et toujours en changement. Étant donné qu’il est dans une étape transformatrice comme rassemblé par l’esprit d’un être conscient, donc il est toujours subjectif et l’existence d’une réalité objective n’est pas et ne peut jamais être une possibilité dans la Tradition du Bouddhisme Mahayana. La seule réalité est le Śūnyatā ou la vacuité.[xx]

Bien que Nāgārjuna et le Bouddha épousent tous les deux une forme de renonciation et de détachement dérivé de la vacuité, il s’agit encore une fois d’une vacuité passive et non de la vacuité active préconisée dans la Révolution Shunya. Zarathoustra place le Shunya du kshatriya en opposition à la Śūnyatā de Bouddha.

Peut-être plus proche du concept hindou de dharma et du monde comme shakti, est le concept Taoiste de Wu wei qui implique une action naturelle dans laquelle tout sait comment agir de manière appropriée, sans nécessité de contemplation de l’acte. Le sens littéral de Wu wei est ‘sans action’, ‘sans effort’, ou ‘sans contrôle’, et est souvent inclus dans le paradoxe wei wu wei: ‘action sans action’, ou ‘faire sans effort’. Cela utilise encore une fois la théorie de fusionner ou nier l’activité consciente au point qu’elle devienne une avec la voie ou le Tao, qui est essentiellement la même chose que la conception hindoue du rta. Wu wei est également appliqué dans certaines techniques d’arts martiaux tels que T’ai chi ch’uan, Baguazhang et Xing Yi.

Shunya est une Trinité du Vide – Absence, Vacuité et Rien. Mais ce n’est pas la même chose que, et est en fait le contraire, de Śūnyatā, Cela mène inévitablement à un embarras épistémologique complexe; comment Rien (étant essentiellement sans forme ni qualité) peut-il avoir deux formes d’être différentes existant en opposition ? Cette affirmation qu’il y a des modes de Rien diamétralement opposés qui forment essentiellement une dyade n’est pas si paradoxal qu’elle en a l’air. Le dualisme est un élément commun à beaucoup de Traditions. L’hindouisme et le taoïsme partagent cette élément sous la forme de Shiva/Shakti et Yin/Yang. Il y a en fait deux approches différentes au divin, une desquelles est active/kshatriya et l’autre qui est passive/brahmanique − ensemble ces éléments forment la monade, le bindu ou point absolu qui représente l’unité. Le Śūnyatā des bouddhistes est l’aspect contemplatif/méditatif qui convient mieux à ceux au tempérament passif, alors que le Shunya d’Azsacra Zarathoustra est l’élément actif, un modèle agressif de Vacuité qui est dans un état constant de se surpasser et de se détruire lui-même au service d’un but supérieur. Ni le Shunya ni le Śūnyatā n’est en réalité supérieur ou inférieur; ils sont tous les deux l’essence d’un Rien éternel primordial qui est le Point Absolu de Zéro par lequel les deux chemins s’achèvent. Le Shunya convient à ceux d’un tempérament kshatriya, le Śūnyatā à ceux d’un tempérament brahmanique.

Comme expliqué au-dessus, Shunya est un concept explicitement lié au kshatriya. Le fait que les Kshatriya ne soient pas le modèle traditionnel prêtre du citoyen indien (le brahmane) ne le rend pas moins capable d’avancement spirituel. Il y a d’innombrables illustrations de kshatriya hautement éduqués et spirituels à travers l’histoire religieuse d’Inde, plus particulièrement Arujna le héros de la grande épopée du Mahabharata, dont sa bataille spirituelle dans la Bhagavad Gita est un des contes les plus populaires dans le monde moderne. Dans une certaine mesure, les Upanishads représentent aussi un point de rupture avec le modèle Traditionnel de l’autorité religieuse brahmanique étant donné que certains de ces textes sont attribués à des auteurs Kshatriya. De la même manière, les Tantras rejettent les notions traditionnelles de varna et établissent un système intérieur basé sur le tempérament au lieu de la naissance, dans lequel un adepte vira et un adepte divya sont décrits − les deux approchant les Tantras eux-mêmes de manières différentes. Comme remarqué auparavant, le mode vira est l’équivalent tantrique du chemin kshatriya. Cela vaut aussi la peine de noter que le Bouddha lui-même naquit dans la kshatriya varna. Il est donc apparent que la caste kshatriya est capable d’exercer un mérite spirituel équivalent à celui du brahmane. Le propos est que différentes approches conviennent, basées sur le tempérament individuel, et Shunya correspond à un enseignement kshatriya.

Concernant l’Übernoumen, il y a également un élément de mort en jeu, car il implique que la psyché soit dans un état de flux constant, où les choses sont constamment surpassées et détruites de manière à créer un état d’esprit qui reflète la nature de Rien, Absence, et Vacuité. La mort est évidemment symbolique d’un tel état d’esprit qui est dans un état avancé de détachement matériel. Cette technique n’est pas inconnue de certaines Traditions, qui considéraient la mort non comme un objet de peur, mais comme un à révérer et comme un outil puissant d’auto-transformation. Comme je l’ai indiqué plus tôt dans cet article, Dionysos, qui est la divinité derrière la philosophie de Nietzsche, est aussi associée à la mort et au monde souterrain à travers sa connexion avec la zoë (vie éternelle). Le pouvoir transformatif de la mort est aussi trouvé dans d’autres Traditions en plus de celle Héllénique, et est présenté dans le Bouddhisme Tibétain des débuts (Varayana). Les Tantras Heruka et Hevajra font l’emphase sur la pratique mortuaire (méditation et pratiques ascétiques dans des crematorium et d’autres endroits de mort). Aussi, dans la Tradition Tantrique en Inde il est souvent noté que l’attitude correcte d’un véritable pratiquant du Tantra est d’être ‘un qui est mort au monde’. Des sectes telles que l’Aghora adoptent également une existence dans laquelle les courants de la vie et de la mort sont fusionnés, niant la polarité de la vie mortelle et de la mort. À cette étape la psyché humaine est décomposée et la volonté renforcée à un point auquel elle finit par transgresser la Mort, précisément à la manière de dépassement continuel par l’embrassement de la vacuité en tant qu’Übernoumen. Un Gourou dans la Tradition Tantrique Kapalika enseigne même qu’une telle attitude est une condition nécessaire pour pratiquer le chemin, pour lequel il soutient ses élèves à embrasser la mort plutôt qu’à l’éviter et défend un théorème connu sous le nom de ‘Portail de Yama’. Donc la mort et destruction constante qui est l’état de l’Übernoumen, ne devrait pas être vue comme une qui est négative; au contraire c’est un processus psychologique d’auto-transformation extrêmement puissant qui existe dans d’autres parties du monde des coutumes métaphysiques Traditionnelles. La mort est l’obstacle psychologique ultime et l’horreur ultime de l’existence humaine − auquel le véritable philosophe ou adepte devrait directement se confronter. Pour connaître le Vide Absolu et l’Essence de la Vacuité, on doit connaître la Mort comme on connaît la Vie.

Shunya est clairement une discipline de kshatriya et est comparable à l’instruction d’Arujna par Krishna dans la Bhagavad Gita, dans laquelle l’action et pas la renonciation est clairement exposée comme le chemin approprié au kshatriya. Que l’on dise à Arujna d’agir, mais d’éviter les fruits de l’action relaie l’impression qu’une action appropriée est contrôlée par le dharma et le rta et non par la volonté consciente − cela est en fait comparable à shunya concernant le fait que c’est un dépassement constant et subconscient, dans lequel la conscience est réduite à Rien au service d’un but supérieur et d’un dharma individuel. Donc, le succès sur le champ de bataille est causé par la sublimation du soi. C’est également l’équivalent de wu wei, dans lequel on agit en accord avec le Tao. Donc l’acte suprême de la volonté est de se nier elle-même et de devenir un avec le flux de rta/dharma − Ceci est l’instruction que Krishna donne à Arujna et l’enseignement le plus haut des kshatriya. C’est aussi l’amor fati de Nietzsche.

C’est une affirmation dionysiaque du monde tel qu’il est, sans déduction, exception ou sélection… c’est la plus haute attitude qu’un philosophe puisse atteindre; de s’élever dionisiaquement vers l’existence; ma formule pour cela est amor fati.[xxi]

Comme expliqué plus tôt, le rejet que fait Nietzsche de la religion vient de ce qu’il percevait comme l’influence négative de la chrétienté comme un principe cause de décadence culturelle en occident. Il ne s’étend pas au modèles de pensée hellénique ou védique, étant donné que tous les deux sont loués de manière répétée dans ses textes. En effet, au niveau culturel il y a un haut degré de compatibilité entre les pensées helléniques et védiques qui viennent d’influences proto-indo-européennes dans le langage et la religion. La dichotomie hellénique que Nietzsche déploie dans sa théorie sur Apollon/Dionysos a aussi des corrélations entre les dieux hindous Vishnou et Shiva. Donc, les concepts de l’Übermensch de Nietzsche et de l’Übernoumen d’Azsacra Zarathoustra qui se trouve à l’avant-garde de la Shunya Révolution, conviennent entièrement à l’état d’esprit indien, particulièrement si nous considérons l’Übernoumen comme une incarnation de Nataraja Lui-même, engagé dans la danse tandava et évolué dans la parfaite Trinité du Vide − Vacuité, Absence, Rien − et le pouvoir créatif de la destruction incarné dans le dépassement constant de soi, qui est la Volonté de Rien. C’est la destruction dans un état de flux avec la création, toujours changeant et mourant dans l’état transformatif suprême.

Donc «Volonté de Sur Sans homme [Gott-Tod!] en tant que Rien de Pouvoir et Vacuité de Suprématie brûle tout les «dispositifs de sécurité raisonnables» avant d’entrer dans la Volonté de Puissance en tant que telle. Et donc, le Sur non-montré est confortablement installé dans le Caché et l’Invisible duquel il ne disparaît pas, mais est Totalement Gouverné par l’Absence Éternellement!!». Et c’est réel: «Sans le Rien de Pouvoir et la Vacuité de Suprématie la vie de Dieu est seulement l’«incapacité» de Penser — «pénurie de volonté»! — conditionné par sa Propre Mort[xxii]

Jai Shiva !

[i] Ganeshi, K., & Semenyaka, L., The Absolute Revolution of Azsacra Zarathustra,http://occupyessays.wordpress.com/2012/01/09/the-absolute-revolution-of-azsacra-zarathustra/

[ii] Bilimoria, P., Nietzsche as ‘Europe’s Buddha’ and ‘Asia’s Superman, Springer Science & Business Media, 2008, 364

[iii]   Pfeffer. R, Nietzsche: Disciple of Dionysus, 114

[iv]https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Crépuscule_des_idoles/Ce_que_je_dois_aux_anciens Pfeffer, R., Nietzsche: Disciple of Dionysus, 22

[v] Kerényi, C.,  Dionysos Archetypal Image of Indestructible Life, (New Jersey: Princeton university press,  1996), xxxxv

[vi] Ibid., 204-205

[vii] Pfeffer, R., Nietzsche: Disciple of Dionysus,113

[viii] Ganeshi, K., & Semenyaka, L., The Absolute Revolution of Azsacra Zarathustra,http://occupyessays.wordpress.com/2012/01/09/the-absolute-revolution-of-azsacra-zarathustra/

[ix] Cioran, Livre des Leurres, Œuvres p218
Cioran , Book of Delusions77

[x] Ganeshi, K., & Semenyaka, L., The Absolute Revolution of Azsacra Zarathustra,http://occupyessays.wordpress.com/2012/01/09/the-absolute-revolution-of-azsacra-zarathustra/

[xi] Ṛig Veda. X.81.5d

[xii] Miller, The Vision of Cosmic Order in the Vedas, (London: Routledge & Kegan Paul, 1985) 3

[xiii] Toynton, G., The Tantrik Tradition, Numen Books, Forthcoming)

[xiv] Miller, The Vision of Cosmic Order in the Vedas, 31

[xv] Worthington, R., Finding the Hidden Self: a Study of the Siva Sutras ( Pennsylvania: The Himalayan Institute Press, 2002), 15.

[xvi] Worthington, R., Finding the Hidden Self: a Study of the Siva Sutras, 72

[xvii] Wulff, D. M.,  Religion in a New Mode: The Convergence of the Aesthetic and the Religious in Medieval India, in The Journal of The American Academy of Religion , 54 (4), 677

[xviii] Toynton, G. The Tantrik Tradition, Numen Books, Forthcoming

[xix] Evola, J., Men Among the Ruins: Post-War Reflections of a Radical Traditionalist, (Vermont: Inner Traditions, 2003), 89

[xx] Nandy, J., The-Hindu Overman or the Centre of Absolute Revolution-in India,http://absoluterevolution.wordpress.com/2012/02/27/the-hindu-overman-or-the-centre-of-absolute-revolution-in-india-by-june-nandy/

[xxi] Pfeffer, R., Nietzsche: Disciple of Dionysus, 261

[xxii] The Absolute Revolution of Azsacra Zarathustra, by Katya Ganeshi & Lena Semenyaka,http://occupyessays.wordpress.com/2012/01/09/the-absolute-revolution-of-azsacra-zarathustra/

Notes du traducteur

J’ai rencontré quelques difficultés de traductions. Certains termes d’Azsacra Zarathoustra, tels que Will to Nothing, Nothing to Power etc, sont évidemment des continuations de la pensée de Nietzsche. Je les ai donc traduits en prenant comme modèle les expressions Nietzschéennes en français. Cependant en anglais /to/ peut signifier tantôt /de/ et tantôt /à/, comme dans Volonté *de* Puissance (Will to Power)  Cela donne :⋅ Will to Nothing : Volonté de Rien (référence évidente à la Volonté de Puissance)⋅ Nothing to Power : Rien de Puissance (idem)⋅ Emptiness to Supremacy : Vacuité de Suprématie, que j’avais d’abord pensé traduire Vacuité /vers la/ Suprématie

Également, lorsque l’article cite des extraits d’autres écrits (Écrits Védiques mais aussi Nietzsche, Cioran et Evola), j’ai souvent préféré re-traduire depuis l’anglais en pensant que l’auteure n’aurait peut-être pas choisi exactement les mêmes passages si elle avait du choisir depuis les textes en français.

Gwendolyn TauntonBio:

Gwendolyn Taunton is a previous recipient of the Ashton Wylie Award for Literary Excellence. She has edited and written a number of works, including Primordial Traditions, Melpomene (an anthology of poetry and prose), Kratos: the Hellenic Tradition, and Mimir: The Journal of North European Tradition. Other works written under the pseudonym ‘Gwendolyn Toynton’ include Northern Traditions and Mythos: The Myths and Tales of H.P. Lovecraft & Robert E. Howard. Over the years Gwendolyn has also written for other publications, including New Dawn Magazine.

Gwendolyn Taunton also holds a BA (Hons) in Religious Studies and has a strong interest in all spiritual matters and philosophy. Gwendolyn is also a graphic designer and she has a interest in the arts and the humanities. Gwendolyn Taunton is devoted to restoring the cultural values which should be at the core of our civilization and upholds the right for all indigenous peoples to preserve their cultural heritage. She is also firmly committed to the preservation of the natural environment and animal welfare.